Lors de l’achat de nouveau matériel, les spécificités techniques annoncées par les équipementiers ne permettent pas toujours de comparer correctement différents produits. Fabrice Putier, directeur de Tecaliman, nous éclaire sur quelques points.
Les caractéristiques techniques des performances des matériels fournis par les équipementiers de la nutrition animale ne sont pas soumises à des méthodes de mesures référencées ou normalisées. Elles ne sont donc pas forcément démontrées par une méthodologie unique et le mode de calcul peut différer d’une entreprise à l’autre. Or, ces caractéristiques techniques ont toute leur importance pour concevoir une ligne de fabrication optimisée et comparer les différents matériels disponibles sur le marché. Fabrice Putier, directeur de Tecaliman, signale que cela concerne notamment la notion de débit. « Il faut bien distinguer le débit volumique du débit massique. » La notion de débit volumique est à privilégier, selon lui, à celle de débit massique, moins fiable, en ce qui concerne les systèmes de transfert. (...)
Savoir de quoi l’on parle
La masse volumique, souvent appelée à tort « densité » ou « poids spécifique », caractérise la masse d'un matériau par unité de volume (généralement exprimée en kg/m³ ou en g/L). Cependant, il en existe différentes définitions. La masse volumique apparente est celle du produit mis en écoulement. (...) La masse volumique tassée est celle du produit tassé sous son propre poids. (...) La masse volumique compressée est celle du produit sous l’effet de la contrainte, par exemple après granulation. (...)

Fabrice Putier, directeur de Tecaliman, veut favoriser le dialogue technique entre professionnels.
La masse volumique particulaire est celle des particules, grains ou granulés : c’est la masse du produit lui-même. Sa porosité interne est peu ou pas prise en compte, selon la méthode de mesure (pycnomètre à air, à hélium ou à mercure). C’est la masse volumique la plus élevée, utilisée par exemple pour les additifs afin d’apprécier le nombre de particules et d’assurer leur répartition homogène.
Concernant le débit massique, deux mesures peuvent être effectuées : le débit massique instantané (nominal) ou total (global). Le premier correspond au débit maximal, par exemple une fois la presse à granulés montée à pleine charge. Ce débit est difficile à mesurer, il est général estimé en fonction de la vitesse de rotation de la vis d’alimentation. Le second prend en compte les phases de montée en charge, descente de charge. Il est généralement déterminé par les automates dans le cas d’opération bien établie comme la granulation ou le broyage. (...)
Exercer son regard critique
Lors de la comparaison de différents matériels, les fabricants d’aliments doivent donc vérifier la méthode de calcul du débit annoncé par les constructeurs. En absence de références externes, les équipementiers utilisent leur savoir-faire acquis au fil des années pour établir des méthodes de mesure. « Aux fabricants d’aliments de faire la part des choses ». Si Fabrice Putier tient à mettre l’accent sur ce « regard critique » à exercer, c’est aussi parce qu’il constate sa dégradation via « un problème de transmission en interne du savoir-faire vers les jeunes générations, comme dans de nombreuses professions industrielles. (...). »
La raréfaction des référents technologiques au sein des entreprises limite la transmission des éléments de maîtrise mis au point par Tecaliman mais aussi l’innovation des équipementiers. « L’innovation technologique naît de la volonté d’un équipementier de développer une nouvelle conception mais aussi d’un client qui est prêt à dialoguer avec lui et à lui apporter ses critiques. (...) »
De par sa nature de centre de recherche, Tecaliman ne travaille pas précisément sur ces problématiques de spécificités techniques. Cependant, elles doivent être abordées dans certaines études, par exemple dans le domaine de l’énergie, car le débit est pris en compte pour le calcul de l’énergie consommée par unité d’aliment. « Certains trouveront sûrement que je coupe les cheveux en quatre, avoue Fabrice Putier. Mais quand on exprime une consommation énergétique, ces précisions ont toute leur importance. »
Afin qu’équipementiers et fabricants parlent le même langage, Tecaliman a entamé, avec ses adhérents, une révision des cahiers des charges d’achats des matériels depuis un an. Ce travail de longue haleine - plus de 15 cahiers sont prévus - a commencé par la diffusion de trois premiers cahiers au mois de juin dernier : sur les broyeurs à marteaux, les sécheurs/refroidisseurs et les systèmes d’incorporation de liquides. (...)
Émilie Auvray
Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 659 - Septembre 2012
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